Jezabel [U.C]

♦ Jezabel Blueberry - X6 666 ♦

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PERSONAL'S INFORMATIONS

8 lignes

Un corps. Un corps transgénique. Le scientifique combine les gènes. Anonyme deviendra femme. Elle est grande, peut être pas très belle. Mais elle est dotée de la force de son âge. On appose une signature sur ce visage de marbre, cette démarche automatique et ce regard qui n'y croit plus ... Jezabel existe. Unique et authentique.

Le pantin est né, matriculé 11175820 dans les registres de Manticore. On lui assène de lourdes chaînes virtuelles, qui peu à peu, rongeront son essence propre et individuelle, jusqu'à ce qu'il ne reste de lui, qu'un simple maillon d'une communauté asservie. Les années passent tandis que j'assiste au spectacle dégradant. Le regard se voile peu à peu, jusqu'à ce que les yeux se ferment totalement, habitués à ne voir que ce qu'on leur montre, sans préambule. La démarche se fait moins sautillante, plus mécanique. Les traits sont tirés par un quotidien sans soleil, un avenir bancal. Que reste-t-il de l'individu à présent, dans ce corps qui grandit sans connaître ? Quelques détails échappent au massacre, rescapés d'une bataille sans nom. Deux lèvres pleines, rosées, des cheveux paille, des courbes féminines, qui se dessinent avec une chasteté feinte sous les tissus delavés. Un écart entre les dents mal rehaussées, défaut témoignant de l'authenticité de l'être. Et puis un nom ... Jezabel ... Jezabel et ses mains calleuses. Jezabel et ses sourires engloutis par une frange trop longue, relevée en un chignon foireux. Une panoplie de couleurs à son effigie, parfois mal assorties. Du rouge, du mauve, du jaune, du bleu, du vert. Un clown carnavalesque qui déambule dans la brume, enguirlandé d'un désespoir viral...

YOUR LIFE

Votre vie à manticore:

C’est arrivé comme ça. Un jour. Une nuit plutôt. J’étais en planque au fin fond d‘un hangar, à surveiller la livraison d’un stock de drogue. Le « Kristal », aussi nommé « crack du siècle » par les consommateurs de la rue. L’une de ces nouvelles drogues aux vertues exceptionnelles qui en une prise mal dosée peut vous détruire toutes vos cellules nerveuses. J’avoue qu’aujourd’hui je ne me souviens plus très bien des détails de l’opération et de sa déroute. Juste qu’il y avait eu un mouvement de panique au cours de l’échange. Et surtout un cri dans mon oreillette vite suivi d’un son étranglé. C’était l’un des nôtres, infiltré dans une bande de caïd des rues, qui venait de se faire trancher la gorge. Nous étions repérés. Alors, sans plus chercher à garder notre présence invisible, je suis partie à l’attaque. Il fallait bien stopper ces dealers qui semaient la mort dans toute la ville depuis des mois. J’avoue avec du recul que je n’ai peut-être pas suffisamment réfléchi aux conséquences de mes actes cette nuit-là. La situation ne me semblait juste pas plus périlleuse que toutes ces fois auparavant où j’avais croisé le danger et prit quelques risques. Mais à priori, pour moi, cette nuit-là, c’était l’action de trop. Quel comble n’est-ce pas ? Le parfait soldat, devenue une des meilleures recrues de Manticore, qui se laisse avoir comme un bleu. J’ai survécu dans ma jeunesse à plusieurs autodestructions, même si parfois involontaires. Je suis revenue de toutes ces missions suicides, auxquelles personne ne croyait… Et cette nuit-là, c’est une simple et bien banale explosion dans le port commercial de Seattle qui me fut fatale. Les « fournisseurs » n’avaient pas eu meilleure idée que de lancer une grenade dans l’une des caisses de cargaison pour y détruire les traces de leur forfait. Cette action irréfléchie généra un nuage de poudre toxique qui empli le lieu. Quand le nuage se dissipa et que les secours purent intervenir sans danger, il n’y avait plus qu’un seul survivant allongé sur le macadam.

Moi.

Depuis ce jour, une partie de moi n’existe plus. J’entends. Je comprends parfaitement tout ce que l’on me dit. Et réfléchis comme je l’ai toujours fait. Je crois sincèrement n’avoir perdu aucune de mes capacités intellectuelles. Il y a juste un détail. Une faculté que j’ai perdue et qui me place aujourd’hui dans cette nouvelle situation qui est la mienne. Je ne vois plus...

***

D’abord, il y a le néant. Une nuit sombre, sans repère, sans mouvement. Tout est absent. Tout est silencieux. Et puis, les rouages du cerveau se remettent en marche et avec lui toute une machinerie complexe et ordonnée. C’est ainsi qu’en cet instant, je reprends conscience de ma propre existence. J’entends d’abord les signes de vie de mon propre corps. Ma respiration, légèrement sifflante à travers les tubes respiratoires placés sous mes narines. Les battements de mon cœur, sourds et profonds qui me rassurent de par leur parfaite régularité. Je pressens aussi des mouvements dans l’air ambiant m’informant que je ne suis pas seul. J'entreprend d'ouvrir les yeux. Mais les paupières sont plus lourdes qu’attendu et ce n’est pas sans mal que je les soulève pour enfin apercevoir une brume nuageuse. A priori, ma vision se trouve altérée. Conséquence habituelle des commotions cérébrales. Soit. Cela n’a rien de mystérieux pour moi. Il me suffira d’attendre et de forcer la rétine à faire le point sur mon environnement. Alors que je ne perçois toujours que des formes floues se mouvoir autour de moi, je sens parfaitement que tous arrêtent subitement leurs mouvements. A priori, ils m’ont enfin aperçu. C’est alors que toute une agitation s’active.

° C'est bon, la recrue X6-666 s'est réveillée.

Vous m’entendez ?

J’aimerais lui répondre, mais ma bouche pâteuse m’empêche d’exprimer le moindre son.

° Si vous m’entendez, faites-moi un signe.

J'essaie mais ne ressens aucun muscle de mon corps... Malheureusement, je sais d’expérience que les analgésiques actuels peuvent être puissants et toujours donnés en surdose.

° Recrue X6-666 clignez des yeux, si vous m’entendez.

Là encore j’essai. Sans succès ! J’en aurais la capacité, j’en hurlerais de rage !

Mais si j’ai pourtant réussi à les ouvrir et tente depuis lors de déterminer cette forme floue qui reste à mes cotés, mes yeux semblent incapables de répondre à ma volonté quand il s’agit de les fermer de nouveau. A croire qu’ils m’ont drogué vraiment plus que nécessaire. Las d’attendre un signe ou une réponse de ma part, l’homme s’éloigne de mon lit.

° Alors ?

° Rien. D’après le rythme cardiaque et ses constantes, nous pouvons effectivement supposer qu’elle est bien réveillée. Mais à priori, elle n’a pas conscience de notre présence.

Je t’en foutrais de la conscience de ta présence !!! Il est crétin ce type !? Il ne comprend pas qu’ils ont juste été un peu trop généreux sur les doses chimiques ! Prenant finalement mon mal en patience, je laisse tomber. Avec de la chance, dans quelques heures, j’aurais retrouvé toute la maîtrise de mon corps. Il est donc inutile de m’énerver inutilement. D’autant que ce n’est pas comme s’ils pouvaient le percevoir C’est sur cet espoir d’un retour rapide à la normal, et d’une impatience à vouloir leur hurler dessus dés mon retour à cet état normal, que je me laisse happer par le néant d’un sommeil agité. L’ironie de la situation aura voulu que mes paupières se referment enfin à cet instant, mais seules et sans la moindre volonté personnelle à le leur imposer.

***

Depuis ce jours, je me suis rétablis, j'ai retrouvé l'usage de mes membres. Cependant, je n'en sors pas sans dommage: je suis aveugle. Aveugle n'est pas exactement le mot qui contient, car si je ne vois plus le détail des choses, je perçois encore quelques teintes de couleurs, peinturlurées sur des formes floues.

Votre vie dehors:

Depuis que j'ai perdu la vue, on ne m'envoie plus en mission. Ce jour, j'étais dans les cuisines du centre à faire la plonge lorsque l'explosion éclata. L'explosion. Flash de souvenirs douloureux. Des centaines d'images qui défilent à toute allure devant ses yeux. Je m'efforce de me tenir debout, les mains agrippées sur le lavabo.Je lutte de toutes mes forces.

Mes jambes flêchissent. Je tombe à la renversse sur le sol. Ma tête se cogne contre le sol dur.

Je sombre.

Alors, vous vous demandez comment il se peut que je sois encore en vie, n'est ce pas? Comment j'ai pu me tirer idem du batîment . Et bien il s'avère que je dois ma survie à un homme, Zadig Hennessy. C'est lui qui m'a tiré de Manticore, alors que le feu mangeait la bâtisse. Zagig Hennessy, un des militaires chargé de l'apprentissage des recrues transgéniques. Il m'a ensuite enmenée chez lui et depuis ce jour, nous ne nous sommes plus jamais quittés. Je lui dois beaucoup. Tout en fait. Il m'apprend un peu plus de jour en jour.

Il m'humanise.

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YOURSELF

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Welc'
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